Objectif Transmission

Projet de traduction en français des textes fondateurs de la tradition juive

L'Archipel du Midrash (2 tomes parus sur 12)

 

Dès le milieu du 18e siècle les Lumières se déclinent en Allemagne sous le nom d’Aufklärung. Le judaïsme allemand va connaître alors un mouvement de pensée qu’on a appelé haskala. Ce mouvement est centré sur l’idée d’auto-réforme du judaïsme par l’éducation. La haskala a certes créé de graves tensions avec le judaïsme traditionnel, mais elle s’est aussi voulue un retour aux sources et notamment un retour aux textes. 

En 1819 quelques personnalités berlinoises issues de la seconde génération de maskilim ont l’idée de créer une sorte d’université populaire dédiée à l’étude scientifique du judaïsme. Cette initiative donna naissance à un vaste mouvement connu depuis sous le nom de Wissenschaft des Judentums (Science du judaïsme). 

On cherche notamment à refonder le judaïsme sur des textes sûrs. Mais lesquels et quelle valeur leur accorder ? Faut-il par exemple y inclure les ouvrages de magie ou de mystique ? Les traités d’angélologie sont-ils à mettre sur le même plan que les talmuds (lesquels d’ailleurs sont eux-mêmes pluriels: Talmud de Babylone, Talmud palestinien). Au sein de ce vaste réexamen des sources, se pose une question qui nous intéresse ici directement: que faire du Midrash ? N’est-il qu’un amoncellement de légendes ? Ne faut-il pas l’éliminer des textes fondateurs et ne garder que les talmuds, d’autant que ces derniers ont conservé dans leurs traités de vastes parties agadiques, ce qui serait donc bien suffisant pour satisfaire les partisans du folklore juif. Il se trouve que les juifs ne sont pas les seuls à faire ce retour aux sources, les chrétiens commencent eux-aussi à se demander si le Midrash ne serait pas de quelque utilité pour l’étude de leurs propres textes fondateurs. Que faire donc du Midrash ? Et tout d’abord comment appréhender cet ensemble mouvant qui semble faire écho aux innombrables apocryphes chrétiens ? Quelles sont les limites du Midrash ? Le Midrash fait-il corpus ? On sait comment le christianisme a réglé la question des apocryphes. On sait aussi que l’islam a dû lui aussi mettre un peu d’ordre et solidifier en quelque sorte l’océan des hadiths. 

En dehors de grands recueils midrashiques comme le Rabba, nos maskilim constatent, comme d’ailleurs nombre de leurs prédécesseurs, qu’on trouve chez Rashi ou chez d’autres auteurs des citations de midrashim qui ne font pas partie du Rabba, mais qui semblent appartenir à d’autres ensembles inconnus. Mais cette difficulté n’est pas de nature à décourager nos Aufklärer. Ils vont appliquer à ces sources fragmentaires les méthodes rationnelles de la science de l’époque. C’est qu’entre temps la philologie est devenue une discipline qui a fait ses preuves. Combinant la critique littéraire, la critique historique, l’analyse linguistique, elle vise à restituer le contenu original de textes connus par plusieurs sources fragmentaires, à rétablir le texte le plus authentique possible à partir de manuscrits ou d'autres sources disponibles, bref à établir le meilleur texte possible en l’état des connaissances disponibles.Telles sont les méthodes qu’un auteur comme Salomon Buber va appliquer à ces innombrables fragments qui ont traversé les siècles. Cet immense travail va aboutir à faire émerger une sorte de continent qu’on pensait définitivement englouti. Patiemment, les uns après les autres, de nouveaux textes apparaissent, plus sûrs, tels des îlots stables et qui forment comme un archipel. Les aventuriers qui découvrent ces chapelets de textes ne se connaissent pas toujours entre eux. Leurs noms sont encore à ce jour peu connus : Leopold Zunz, Adolf Jellinek, Solomon Aaron Wertheimer, Lazar Grünhut, Salomon Buber, Louis Ginzberg. 

À ce jour très peu de ces midrashim sont traduits en français. C’est pour remédier à cet état de fait que nous avons décidé de créer une nouvelle collection appelée L’archipel du Midrash qui vise à fournir aux lecteurs francophones l’accès à ces centaines de midrashim redécouverts au XIXe siècle.

Cette collection s’ouvre sur la traduction de l’œuvre d’August Wünsche (1839-1912). Cet hébraïsant chrétien a consacré sa vie à étudier la littérature rabbinique. Conscient de l’importance des textes rabbiniques pour la compréhension des premiers textes chrétiens, il publie en 1978 les Nouvelles contributions à l'explication des Évangiles à partir du Talmud et du Midrash (Neue Beiträge zur Erläuterung der Evangelien aus Talmud und Midrasch). Ce travail constitue la recension la plus complète des passages parallèles du Talmud et du Nouveau Testament depuis les travaux de Lightfoot et Schöttgen. Sous le nom de Bibliotheca Rabbinica (Leipzig, 1880 -1885) Wünsche fut le premier à traduire en allemand l'ensemble du Midrash Rabba sur le Pentateuque et les cinq Megilot ainsi que le Midrash sur les Psaumes (1891).

À partir de 1907 il s’attaqua à la traduction en allemand des midrashim redécouverts par Jellinek et dont ce dernier avait établi et publié le texte hébraïque. Ce travail fut publié sous le titre : Aus Israels Lehrhallen. C’est ce travail que Michelle Ogereau a entrepris de traduire en français.

 

Maurice MERGUI

 

Midrashim traduits dans le tome1: 

  • Henokh
  • ShemHazai ve-Hazael
  • Abraham avinu 
  • Ma’ase abraham avinu
  • Ma’ase abraham
  • Midrash de abraham avinu  
  • Divre hayamim le moshe rabenu  
  • Midrash va-yosha’
  • Midrash peTirat Moshe
  • Ma’ayan Hokhma 
  • PeTirat moshe rabenu
  • Midrash ‘al peTirat Aharon

Midrashim traduits dans le tome 2 

  • Salomon et la fourmi 
  • Les années de pérégrination de Salomon
  • Les Paraboles du roi Salomon
  • Hiram, roi de Tyr
  • Apocalypse d’Elie
  • Le Midrash sur Jonas
  • Le livre de Zorobabel 
  • Le Midrash Abba Gurion
  • Le Midrash sur les dix exils